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Le blog de lamoire Blog culturel, littéraire, d'actualité (littérature; spectacles), et de création.

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CHRISTIAN BOBIN : Le Très-BasLa part manquante ;  L'Inespérée


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    L'auteur nous fait savoir dans La part manquante que "ce n'est pas pour devenir écrivain qu'on écrit." A la bonne heure. Sa réflexion dans ces trois livres, manque d'originalité : l'amour, la foi, l'enfance, l'opposition homme / femme sont des sujets éculés. Certes le sujet ne fait pas tout, mais quand le style manque lui aussi d'intérêt, on se demande ce qui peut bien accrocher les lecteurs.

    Le style est trop didactique. Misant sur l'incapacité du lecteur à retirer du sens de ses propos, l'auteur énonce ses idées sous la forme de définitions. Dans les exemples qui suivent, la réflexion se manifeste à travers une écriture qui manque de richesse.

    Observez comment systématiquement l'auteur définit sa réflexion dans son ouvrage : "la pensée errante. [Titre d'un chapitre] C'est une pensée qui ne sait pas ce qu'elle pense, qui ne désire surtout pas atteindre ce qu'elle pense (La part manquante, page  65) ; " L'autre parole c'est la parole sale. [Titre d'un autre chapitre] Elle est sale d'avoir essuyé trop de mensonges et d'ennui." (Ibid., page 80) ; "Tu as toujours été en avance sur ce que j'espérais de toi. Tu as depuis toujours été l'inespérée." (L'Inespérée, page 129)

    Cette volonté d'expliquer au lecteur ce qu'il ne saurait comprendre se lit à travers les très nombreuses occurrences du présentatif " c'est " qui parsèment ses livres et qui donnent l'impression ennuyeuse de lire un ouvrage de définitions gratuites ou banales. Cet aspect didactique va de pair avec le mode d'enchaînement des phrases où sa "réflexion" opère par échos, associations d'idées : " Elle [la neige] est légère comme l'esprit. Elle est claire comme l'enfance. Elle est blanche, toute blanche comme l'esprit d'enfance. Elle recouvre la pensée. Elle éclaire le coeur. Elle est votre vie blanche." Il utilise en effet des syllogismes par le biais des comparaisons, dont la logique n'est nullement éprouvée. (La part manquante, page 73).
    De même :  "On pense à tout cela, assis à côté de la mère et de son fils, dans le hall de Lyon-Part-Dieu. On pense aussi beaucop à Fra Angelico [...] On regarde cette jeune femme peinte par Fra Angelico dans le hall venteux de Lyon-Part-Dieu" (Ibid., pages 13-17).

   L'auteur veut évoquer des sujets simples mais son expression est trop affectée et systématique. L'auteur utilise trop souvent les procédés du syllogisme, de la répétition, de l'opposition, de l'antithèse, du chiasme. On retrouve ces procédés systématiquement ce qui ne rend pas service à sa réflexion. En voici quelques exemples, sans pour autant réussir à être exhaustif tant les occurrences sont nombreuses :
        * Les répétitions : " On voit ce qu'on espère. On voit à la mesure de son espérance "(Le Très-Bas, page 37) ; " Ca commence comme ça, ça comme toujours comme ça, c'est par les livres que ça commence."(La part manquante, page 21) ; " On lit avec ce qu'on est. On lit ce qu'on est." (Ibid., page 23) ; " Les jeunes mères ont affaire avec l'invisible. C'est parce qu'elles ont affire avec l'invisible que les jeunes mères deviennent invisibles " (Ibid., page 13).
        * Les pléonasmes : " ce jeu auquel il aime tant jouer " ; "il parle d'une parole "...(La part manquante)
       * Les effets d'oppositions  (antithèses; paradoxes) : " C'est pour l'écouter que l'on écrit " ; " celui qui aime désire la tuer " ;  "c'est toujours ce qui est tu, qui est le vrai " ; " on suit la perspective du coeur qui dessine ce qui n'est pas, pour mieux voir ce qui est." (Le Très-Bas, page 36); " Dans le chant la voix se quitte " (La part manquante, page 75) ; " La durée amoureuse n'est pas une durée." (Ibid., page 64) ; " Nous ne possédons que ce qui nous échappe " (Ibid., page 56) ; " A le voir on apprend tout de lui, mais on ne sait rien de ce qu'on apprend " (Ibid., page 50) ;  " Elle est votre seule vie que vous ne vivez pas " (Ibid., page 73) ; " C'est le genre d'homme qui peut tout faire, n'étant personne " (la pm 47) ; " Ils vous parlent pour que vous n'entendiez pas, ce qui fait que vous entendez trop. " (L'Inespérée, pages 106-107)
         * Les chiasmes : " partir. Non pas lutter. Ne surtout pas lutter - partir." (La part manquante)

    Le lecteur parcourt des yeux ces ouvrages sans y trouver de l'originalité ni même de la virtuosité. Le rythme est rendu routinier; c'est une vraie litanie. Les références intertextuelles peuvent sembler prétentieuses dans un tel contexte quand elles ne servent qu'un jeu d'associations. On a le sentiment de lire une écriture qui se cherche...Peut-être était-ce là un choix de l'auteur.

    Parfois, l'écriture empire et l'auteur se contente de débiter des évidences qu'avec un soupçon de mauvaise foi je restitue hors contexte ici :  " Le corps grandit en prenant de la taille " (Le Très-Bas, page 39) ; " On a un âge. On a un nom. On a une vie qui vous attend " (La part manquante, page 21) ; " Séduire comme il fait, c'est tuer sans blesser " (Ibid., page 51).

    Enfin, les images jouent sur la simplicité des évocations mais ne sont pas réussies comme l'attestent les exemples donnés en suivant : " Ils [les hommes] maintiennent une certitude - comme l'enfant garde une bille dans le fond de sa poche" (La part manquante, page 15). Pour le plaisir d'en terminer, je vous laisse admirer un autre échantillon de son écriture : "Le temps perdu est comme le pain oublié sur la table, le pain sec. On peut le donner aux moineaux. On peut encore le manger comme dans l'enfance le pain perdu : trempé dans du lait pour l'adoucir, recouvert de jaune d'oeuf et de sucre, et cuit dans une poêle" (Ibid.). C'est sûr, c'est plus facile de donner la recette du pain perdu que celle du temps perdu.




ERIC-EMMANUEL SCHMITT : La secte des égoïstes

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Seul le début de roman est intéressant quand nous est présenté le monde des recherches en bibliothèques. Cependant, très vite ces recherches apparaissent fastidieuses et vaines : le personnage passe d'un interlocuteur à un autre sans trop de succès et s'affirme miraculeusement lui-même comme un héritier d'une pensée qu'il vient de découvir. L'intrigue aurait pu mieux être exploitée ; ici, elle est trop facile et donc ennuyante. Les références au libertanisme, au mythe de la Tour de Babel sont à même de capter l'intérêt du lecteur et sont assez bien utilisées. Pour rendre une atmosphère passée, le style est trop compassé même s'il demeure des passages amusants comme celui de la séance de philosophie (pages 46-52). La fin est plutôt décevante.


CALAMITY JANE : Lettres à sa fille

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Ce récit épistolaire fait par la narratrice à sa fille a pour objectifs de raconter combien elle vivait difficilement et dangereusement ainsi que de faire comprendre à sa fille comment elle en est venue à la faire adopter par un homme de confiance et à s'en séparer. Sous un caractère et des manières frustes, naît une personnalité originale qui rend compte avec humour et sincérité de la vie du Far West, de son exprérience comme femme dans un milieu d'hommes. Ce récit manque toutefois de qualité littéraire et son principal attrait réside en son auteur mythique.


JEAN TEULE : Le Magasin des Suicides




Le livre de J. Teulé met en scène une famille qui prospère en période pré-apocalyptique, dans un magasin qui vend tous les produits indispensables aux suicides.  Tout s’y vend : de la corde pour se pendre, de la belladone pour s’empoisonner, au sabre pour le seppuku. Chaque membre de la famille incarne un mode de suicide particulier que son nom prédestine : Mishima le seppuku comme son célèbre homonyme ; Lucrèce son épouse, l’empoisonnement, héritage des Borgias ; Vincent le fils aîné, l’automutilation…On a ici des caricatures à la manière de la Famille Adams dont on croit difficilement l’analyse psychologique à peine construite par la suite. Leur magasin fait des affaires florissantes car en cette période, plus personne ne croit en rien ; il se situe dans la zone des religions oubliées et propose la seule solution qui s’offre à ceux qui n’ont plus d’espoir. Ainsi les gens font-ils la queue pour mourir, s’étrangler, s’étouffer, se défenestrer. Ainsi en va-t-il du moins jusqu’au jour où Alan, le frère cadet vient au monde pour lui apporter de la joie, quitte à transformer les produits de mort en produits de vie. Le récit manque d’originalité ; ses références littéraires sont trop souvent évidentes pour donner la possibilité au lecteur de construire le récit. Pas de surprises donc dans cette histoire par trop compassée, calculée. Rien n’est suggéré, tout est dit. De plus, entre sentimentalisme acidulé et blague potache, le récit manque également de finesse, de relief. Enfin, son seul relief particulier est en partie fondé sur les descriptions hautes en couleurs et en théâtralisation où les références cinématographiques vont bon train pur le déplaisir du lecteur qui a beau chercher, ne voit rien de neuf là dedans.


GEORGES FEYDEAU : On purge Bébé







  Mise à part la première scène d’On purge Bébé de Georges Feydeau, la pièce est vraiment affligeante. La scène s’ouvre sur Brindavoine qui cherche désespérément ce que sont les îles Hébrides et qui ne trouvera qu’une aide vaine auprès de la bonne, pour répondre aux interrogations de son fils Toto. Par la suite surviennent des actions et situations aussi désolantes qu’agaçantes parce que creuses et répétitives où l’on découvre Brindavoine tâcher de mettre en ordre son bureau pour recevoir un armateur auquel il espère vendre des pots de chambre incassables qui se casseront tout de même, puis son épouse laisser son pot de chambre personnel au milieu du bureau, du salon, l’armateur cocufié par sa femme essayer de mettre en pratique les théories de Brindavoine, sa propre épouse lui apprendre que sa femme l’a trompé, Toto refusant de prendre son purgatif. Les discussions sont ainsi brodées autour de ces sujets vulgaires. Le choix des noms rattache par leur ridicule cette pièce au vaudeville. Le comique de répétition au lieu d’amuser, lasse par son ineffable vanité : les actions et propos y sont à peine justifiés ; de fait, les relations entre les personnages, outre les convenances bourgeoises, ne sont pas plus compréhensibles. Bon courage à ceux qui souhaite en entamer la lecture !



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